Diabète : stop aux idées reçues !

 

On fait le point

C'est l'épidémie du XXIe siècle. Le diabète de type 2 s'installe lorsque l'organisme devient résistant à l'action de l'insuline et que les cellules bêta du pancréas ne parviennent plus à en sécréter suffisamment. Résultat ? L'insuline ne peut plus effectuer son travail, qui consiste à capter le sucre sanguin. Son taux s'élève (glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/l), pouvant provoquer de nombreuses complications si l'on ne traite pas. L'Organisation mondiale de la santé prévoit un doublement du nombre de diabétiques de type 2, passant de 135 millions de personnes à 300 millions entre 1995 et 2025 dans le monde entier. La France n'est pas épargnée. D'où l'utilité de bien connaître les tenants et les aboutissants de la maladie.

Le diabète apparaît dans la seconde partie de la vie

Vrai… et Faux. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui frappe dans l'immense majorité des cas l'enfant, l'adolescent ou le jeune adulte. Ici, il existe une destruction des cellules bêta du pancréas et une absence totale d'insuline. Le diabète de type 2 (plus de 90 % des diabétiques en France, soit 5 % de la population française environ), lui, se caractérise par un excès chronique de sucre dans le sang (hyperglycémie). Il survient généralement à partir de 40-45 ans. En cause ? Principalement le surpoids et l'obésité – 80 % des patients sont en excès de poids –, la sédentarité, l'avancée en âge et l'hérédité : avec un parent diabétique, la probabilité de l'être à son tour se situe entre 10 et 40 %.

Les symptômes sont facilement identifiables

Faux. En France, environ 500 000 à 700 000 diabétiques de type 2 s'ignorent. Et pour cause : contrairement au diabète de type 1, qui survient brutalement avec des symptômes marqués (soif intense, urines abondantes, amaigrissement rapide), le diabète de type 2 est le plus souvent asymptomatique. Une hyperglycémie la plupart du temps modérée pendant plusieurs années entraîne des signes passant volontiers inaperçus (fatigue, sécheresse buccale, difficultés à cicatriser…). La maladie peut alors n'être découverte que de cinq à dix ans plus tard, parfois à l'occasion de la survenue de complications (vasculaires, rénales, rétiniennes…) liées à une détérioration progressive des vaisseaux sanguins. L'identification précoce du diabète repose donc uniquement sur une prise de sang réalisée à jeun, qui évalue le taux de sucre dans le sang (ou glycémie).

Un diabétique présente des risques cardio-vasculaires particulièrement élevés

Vrai. Une glycémie élevée fragilise, au fil des années, les vaisseaux sanguins. En outre, un diabétique de type 2 présente très souvent une hypertension et un taux élevé de lipides dans le sang. Tout cela contribue au vieillissement prématuré des gros vaisseaux que sont les artères et accélère le processus d'athérosclérose (perte d'élasticité des artères due aux dépôts de graisses sur leurs parois), à l'origine de l'infarctus du myocarde ou de l'accident vasculaire cérébral. Chez un diabétique, le risque de maladie cardio-vasculaire est alors multiplié par deux et représente le premier risque de mortalité. Un risque décuplé avec le tabac.

Diabétique, une petite plaie au pied est à prendre au sérieux

Vrai. Les grosses artères mais aussi les petits vaisseaux peuvent être affectés par une hyperglycémie chronique, notamment ceux qui irriguent la rétine, les reins, le système nerveux autonome (qui régule les fonctions vitales de l'organisme) et périphérique (qui commande les muscles et les sensations cutanées). Les risques ? Une altération de la rétine pouvant aller jusqu'à la cécité, l'insuffisance rénale ou une neuropathie (affection des nerfs). Cette dernière peut se manifester par des douleurs ou, au contraire, une baisse de la sensibilité des membres inférieurs. Ainsi, une petite blessure au pied peut passer inaperçue et se dégrader sans que le diabétique y prenne garde. Essentiel dès lors : maintenir une bonne hygiène des pieds, bien se chausser et consulter régulièrement – au moins une fois par an – un podologue pour un bilan.

Qui dit prédiabète dit diabète

Faux. Certes, un prédiabète (glycémie comprise entre 1,10 g/l et 1,25 g/l) risque fort de se transformer en diabète avec l'avancée en âge, excepté si l'on adopte une bonne hygiène de vie, qui a fait ses preuves dans la prévention de la survenue du diabète de type 2. Les grands principes : perdre un peu de poids, lutter contre la sédentarité, pratiquer une activité physique au moins trente minutes par jour, manger de façon variée et équilibrée. Dans l'assiette, on privilégie les glucides à faible index glycémique (pain, riz et pâtes complets, donc riches en fibres) et on évite les céréales raffinées, les confiseries, les sodas… On limite aussi les graisses animales et saturées, l'alcool et les jus de fruits, même sans sucre ajouté.

Un régime sans gluten limite le risque de diabète

Faux. Ecarter le gluten de son alimentation alors que l'on ne souffre pas d'une allergie ou d'une intolérance peut même prédisposer au diabète de type 2. C'est ce que révèle une étude menée sur 200 000 personnes suivies pendant trente ans par l'Association américaine de cardiologie. Les produits sans gluten sont pauvres en fibres complètes et ont donc un index glycémique élevé.

Il est impossible de guérir du diabète

Faux. Une perte de poids importante chez des patients obèses – de 20 à 30 kg, notamment après une chirurgie de l'estomac – diminue la résistance à l'insuline et permet aux cellules bêta du pancréas, qui produisent l'insuline, de retrouver une capacité de sécrétion satisfaisante. A la clé, une rémission de la maladie, au moins temporaire, dans deux tiers des cas. Sinon, le traitement en première intention d'un diabète de type 2 repose sur des mesures hygiéno-diététiques. En cas de glycémie proche du seuil limite, une révision de son alimentation et la pratique d'une activité sportive peuvent suffire à la contrôler. Mais si l'hyperglycémie est trop importante, on ajoute d'emblée des médicaments. Pour, après dix à quinze ans, passer aux injections quotidiennes d'insuline.

Merci au Pr Patrice Darmon, diabétologue (CHU de Marseille).

publié le 01 décembre 2017

lu pour vous sur : http://www.femina.fr/Sante-Forme/Sante/Diabete-stop-aux-idees-recues-871136

 

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